Un Yéti à l’assaut du Kilimandjaro

Ca fait déjà quelques temps que ça me trotte dans la tête....faire un des Seven Summit (les fameux sept sommets des sept continents) , étant un randonneur aguerri mais un alpiniste néophyte, je me décidais pour le plus «facile» de ces sommets légendaire, le toit de l’Afrique, le Kilimandjaro qui culmine à 5895m. Ce qui en fera le numéro 3 sur mon podium personnel qui comprend en n°2 le Galan à 5909m et mon graal, le Cerro Antofalla à 6353m les deux étant dans la cordillère des Andes en Argentine.

 

Donc me voici début décembre en train de terminer le tri de mes affaires qui m'accompagneront en Afrique. Un sac de 14,9 kg devrait suffire pour ces quinze jours en territoire inconnu, puisque je n’ai jamais mis un pied sur le continent africain.

J’ai passé de longues heures durant l’année à m’entrainer pour cet objectif, que ce soit en courant 3 à 4 fois par semaines, en avalant les kilomètres en vtt...que ce soit de jour de nuit, par beau ou mauvais temps, sous la pluie ou la neige.....si vous vous demandiez en me voyant dans les rues de Metzeral, mais qu’est ce qui fait courir un couvreur comme ça tout les soirs...et ben vous savez que c’est non seulement par plaisir mais aussi parce que j’ai des objectifs lointains en tête....

Voilà, on est le 5 décembre, la neige et l’hiver sont en pleine offensive, j’ai peur que mon avion pour Paris ne soit annulé....ceux de la veille au départ de Bâle - Mulhouse ont été annulés...le stress commence sérieusement à monter..

 

Mais plus peur que de mal, mon avion est prêt à décoller, ma sœur ayant braver la nuit et le froid pour me conduire à l’aéroport. C’est la boule au ventre que j’embarque dans le petit appareil qui me conduit à l’aéroport de Paris Charles de Gaulle.

 

La réputation de cet aéroport n’étant plus à faire, l’antipathie qui y règne ne m’étonne même plus....j’ai été dans des aéroports des quatre coins du monde...et partout les gens y étaient sympa, polis, et aimable.....et dans notre chère capitale personne n’a droit à un boujour, ou bienvenu, même pas un simple sourire....triste monde...

 

Me voila à bord d’un Boeing 767 de la Kenya Airways , direction Nairobi. Huit heures de vols passées à lire, écouter de la musique, et regarder les navets du 7ème art..... bref je suis bien impatient de fouler le continent africain.

Ca y est nous atterrissons dans la capitale du Kenya vers 21h30, pour une simple nuit dans un hôtel du centre ville. Mais d’abord reste à passer l’immigration, souvent des moments très long...en effet après 1heure et demi d’attente dans une atmosphère étouffante et surchauffée on reçoit le visa d’entrée, non sans avoir enregistré nos empreintes digitales dans une machine ultra moderne....et bien évidemment payé 25 dollars US.....cher pour même pas 24 heures dans le pays, puisqu’on va basculer en Tanzanie, demain dans la matinée.

On récupère nos bagages et on fait connaissance avec le reste de l’équipe, nous seront 9 au total, du sud de la France, de Savoie, des Pyrénées, bref des montagnards d’un peu partout.

Par contre notre ami Vincent, l’un des Monégasque n’a pas sa valise.....elle ne verra jamais l’Afrique d’ailleurs....

Une petite omelette et une courte nuit plus tard, nous embarquons dans un mini-bus direction Arusha, une ville Tanzanienne au pied du Kilimandjaro. Je suis impatient de sortir de cette ville, j’ai de plus en plus de mal à apprécier les villes, je me sens absolument pas à ma place...

un montagnard restera toujours un montagnard.

Poste frontière de Namanga
Poste frontière de Namanga

Nous voilà enfin dans le vif du sujet, à savoir l’incursion dans la vraie Afrique....Après les bouchons matinaux de la capitale Kenyane, nous voici sur la route vers le poste frontière de Namanga. C’est la que nous aurons le premier vrai contact avec les habitants, quelques mendiants qui nous rappellent combien la Tanzanie est un pays plus que pauvre, parmi les 10 plus pauvre de la planète...

Après de longs palabres pour passer les deux postes de douanes, on entre enfin en Tanzanie.

La route est paradoxalement meilleure qu’au Kenya, mais les villages au abords de la route nous prouvent que la vie est particulièrement rude.

La route est aussi en travaux, les portions de route bitumées sont très bonnes, par contre plus on descend vers le sud, moins y a de bitume....de nombreuse déviations nous conduisent de long kilomètres dans la brousse avoisinante....ca secoue, et ca fait de la poussière...

Un chantier qui semble avoir démarré depuis toujours et qui ne sera jamais terminé, et pourtant ce n’est pas la main d’oeuvre qui manque...partout des ouvriers...mais quasiment aucun qui est occupé à travailler, ils semblent attendre, on ne sait pas quoi, eux non plus probablement, mais ils sont la au bord de la route à attendre...bon courage les gars !!!

Le trajet semble interminable, vu la vitesse réduite du mini bus, on voit au loin les nuages noirs qui ne prédisent rien de bon...effectivement, quelques kilomètres plus loin, un orage s’abat sur la région que nous traversons. Ben la petite saison des pluie de novembre semble se prolonger en décembre...

On traverse des paysages typiquement africains, des plaines aux couleurs particulières, des paysages que j’ai pas l’habitude de voir...On remarque parfois sur le bas côté des personnes habillées de tissus à carreaux rouge, c’est bien évidemment les Massaï, une des tribu africaine les plus connues. On les reconnait de suite, ils ont tous un baton en main, ce sont des éleveurs, et souvent le troupeau de vaches ou de chèvres n’est pas loin...

Finalement nous arrivons à Arusha en milieu d’après midi, une petite ville d’un demi million d’habitants, ca fourmille de partout, et on voit des 4x4 équipés un peu partout, on voit que le tourisme est très présent ici, surtout du au proche Kilimandjaro. Ce dernier qu’on ne voit d’ailleurs absolument pas....le mauvais temps et les gros nuages nous l’empèche...

C’est l’heure à présent de gouter la bière locale....un vrai moment de détente pour moi...on est alsacien à fond ou pas....Verdict de la bière locale au nom plus qu’original, la Kilimandjaro, et ben elle est plutôt pas mal....j’aime beaucoup cette bière dans le plus pur style germanique, probablement du au temps de la colonisation par plusieurs pays européens dont l’Allemagne.

Une nuit plus tard, passé a se faire bouffer par les moustiques, malgré la moustiquaire, on prépare nos affaires pour partir à l’assaut du plus haut sommet du continent Africain. On fait connaissance avec notre équipe c’est Abel notre guide qui nous présente le cuisiniers, les guides assistants et on embarque aussitôt dans le mini-bus direction la porte Machame.

 

Le trajet semble long, ce n’est que deux heures, mais qui me semblent interminables....ca doit être du à l’impatience d’attaquer les réjouissances !!!! Mais toujours pas de Kilimandjaro en ligne de mire, que des nuages, ca ne se présente pas comme je me l’imaginais.

On traverse quelques derniers villages, on commence à monter en altitude, c’est très vert, c’est un coin à bananiers, y en a partout, les villages semblent plus riches que dans la plaine.

On arrive à la porte Machame, à 1640 mètres d’altitude, elle se situe au sud-ouest de la montagne.passe dans le Barranco, puis entre le Shira et le Kibo avant d'atteindre Lava Tower. C'est un des itinéraires les plus spectaculaires et est en train de devenir aussi populaire que Marangu Route dans le sens de la montée. Il n'y a malheureusement pas beaucoup de possibilités d'abri et cette voie s'avère relativement difficile en raison des marches plus longues et plus relevées, même si la partie intermédiaire, plus plate, permet de s'acclimater. Il faut entre six et sept jours pour atteindre le sommet et parcourir les 40 kilomètres .

Après avoir signé le registre des entrées (tout doit être notifié noir sur blanc), pris un bon casse croûte, nous voilà parti vers le sommet...plus que 4255m de dénivelé....et déjà la pluie vient nous dire bonjour, ou devrais-je dire «Djambo» comme on dit en swahili.

On entre dans la forêt tropicale qu’on ne va pas quitter jusqu’au permier campement à Machame Hut. C’est très vert, on transporté dans une jungle impénétrable, heureusement que le sentier est large et bien tracé, sinon on ne pourrait pas aller bien loin...On se demande comment les premiers vainqueurs du Kili en 1889 ont pu traversé cette forêt...Chapeau bas messieurs. On poursuit notre petit bonhomme de chemin, qui mine de rien est assez pentu...

Nous avons une bonne allure, les guides sont en parfaite conditions apparemment...moi je suis un peu fatigué, c’est normal, je suis un diesel, j’ai besoin de temps pour que je sois au top niveau, sur cette ascension il me faudra une journée pour être parfaitement en jambes, le Yéti est un gros moteur costaud et increvable mais ca reste un diesel...

On sort de la forêt vers 2900m, difficile à croire quand on pense à nos montagnes, ou à cette altitude plus grand chose ne pousse...On se retrouve dans un espèce de maquis, mais difficile de voir au loin, le brouillard est la et nous interdit le moindre panorama.

Panorama à Machame Hut...on ne voit pas bien loin...
Panorama à Machame Hut...on ne voit pas bien loin...

Enfin nous voila au premier campement,à Machame Hut à environs 3000m. Bien content d’être arrivé, il ne pleut pas pour le moment, les porteurs ont déjà monté les tentes, la tente mess, le cuisinier s’active dans sa cuisine....On se rend à la cabane des Rangers, il faut aller signer le registre, comme je l’ai déjà dit, tout est notifier, histoire de savoir ou tout les groupes de randonneurs se trouvent. A peine le temps de nous installer, Abel nous invite dans la tente mess, la grande tente qui nous servira de salle à manger, pour un thé accompagné de pop corn..si c’est pas la classe ça...!!!!

Nous somme tous à présent détendu, un bon repas nous est servi par Sunday, notre serveur attitré, toujours avec son sourire qui deviendra légendaire. Le cuisiner fait des prouesse, on se régale.

On se couche de bonne heure, on est dans nos duvet avant 21h....c’est une habitude qui me rappelle le Népal...et oui quand il fait nuit on ne peut plus faire grand chose, même avec la frontale, l’obscurité nous invite à dormir...

A peine endormi on entend un bruit qui nous sera familier pendant tout le trek....la pluie sur la tente...bruit détestable surtout au moment de se lever. Mais d’abord on va essayer de passer une bonne nuit. Ce sera pas évident, il ne fait pas froid, j’ai même chaud dans mon duvet.

La pluie semble s’être arrêtée le matin, je me prend à rêver de beau temps, de beaux panoramas, pour de belles photos...mais non , c’est encore bouché...bon il ne pleut pas, c’est déjà ça de gagné.

.On commence cette journée avec une montée assez rude dès le départ, mais nous découvrons des plantes qui m’étaient inconnues, le séneçon géant, un étrange croisement entre arbre et palmier...plante très mystique et typique du Kilimandjaro. On est déjà à plus de 3500m quand il commence à pleuvoir, de plus en plus fort.....en plus du brouillard. Nos veste en Gore Tex, nos ponchos, tout est transpercé par ce déluge qui n’arrete pas..au contraire, on est complètement trempé, le moral est mitigé. Je me dis malgré tout qu’après la pluie vient le beau temps...non??? ca me motive, j’ai toujours eu un rapport plus qu’intime avec la montagne, elle ne m’a jamais déçu, que ce soit dans tout les coins du monde que j’ai silloné...donc je sui sur que la montagne  rendra le sourire qu’on a un peu mis de côté.

On arrive à Shira Hut notre deuxième campement à 3840m, théoriquement on devrait voir le cône sommital du Kili, le Kibo....mais que de brouillard et de pluie...

Le camp est monté, c’est l’heure de déjeuner , à la soupe !! On est vraiment des privilégiés, un menu digne d’un restaurant sur les pentes du Kilimandjaro.

Plus tard on aura la chance d’apercevoir un tout petit bout du Kili...le brouillard s’est levé l’espace d’un instant....la pluie s’est arrêtée, au moins on aperçoit un peu un panorama, ca fait du bien. Je me promène un peu sur ce plateau désolé...le sol est détrempé, mais ca fait tellement de bien de «sentir» enfin la montagne, après ces premiers jours dans le brouillard, ce petit instant de relâche, me font un bien fou...ah y a pas a dire la montagne ca vous gagne, ca me gagne....

Et revoilà la pluie....le diner..et une nuit dans mon duvet...un peu de musique, je me surprend à réécouter mes deux morceaux fétiche du Népal...même sur les pente du plus haut sommet d’Afrique je repense souvent à ce fabuleux trek himalayen, ces montagnes magiques, ce sourire...souvenirs souvenirs...je m’endors.....

Un tout petit bout du kili....
Un tout petit bout du kili....

 

Flic flac...encore ce bruit désormais bien connu...la pluie revient souvent dans la nuit...Ambiance humide au réveil...mais finalement j’ai hate de voir le Kili de plus près...On se motive, on prend un bon petit déjeuner et on part en direction du campement de Barranco Hut. Toujours pas ou très peu de panorama et encore moins de Kili...mais je continue à espérer et a positiver...Le terrain se fait de plus en plus rocailleux....par endroit ca me rappelle les hauts plateaux andins du côté de l’Atacama...On passe pour la première fois du trek la barre des 4000m...sous la pluie...qui devient par moment de gros flocons de neige..Théoriquement on devrait avoir droit a une vue sur les glaciers nords....mais on y voit toujours rien....le brouillard est pourtant clair, on a parfois l’impression que le soleil va percer...mais non, finalement ca s’assombrit désespérément....Ca va bien finir par changer, c’est pas possible autrement...n’aurais-je pas été sage durant cette année???

On monte de plus en plus, c’est maintenant à une véritable tempête de neige mouillée que nous avons à faire...je ne précise plus que nous sommes bien évidemment trempés...

Finalement on arrive a un col à plus de 4500m, en aval du campement de Lava Tower hut.

Les porteurs ont installés la tente mess pour nous permettre de déjeuner au sec et à l’abri. On se réchauffe avec une bonne soupe et un bon repas, encore bravo au chef !!!

Pendant quelques trop rares moments les nuages laissent passer un soupçon de soleil, et toute la nature semble se réveiller...ambiance étrange....on entame la descente vers le camp par la dépression du Barranco. Les paysages (pour peu qu’on les voit) sont magnifiques, très rocailleux et malgré tout beaucoup de plantes, des séneçons un peu partout, des grand des petits... c’est très beau. J’apprécie beaucoup ce petit instant de répit, je fais même tomber la veste...malheureusement ca dure pas...la pluie et le brouillard reviennent de nouveau...

La descente est assez désagréable, le sentier est détrempé...Après quelques photos de la flore abondante de cette belle vallée, on arrive au campement de Barranco Hut, situé à 3950m.

Il pleut à verse lorsqu’on s’intalle dans nos tente...le moral de tout le monde n’est plus trop au beau fixe, mais je reste malgré tout confiant et optimiste...je suis bien le seul...

Une bonne sieste forcé à écouter le déluge sur la tente...heureusement qu’on a creusé des rigoles autour de la tente, comme on est en pente, l’eau qui vient d’en haut ne peut venir dans la tente...c’est un rituel qu’on vite pris comme habitude avant de s’installer dans la tente...

 

C’est déjà l’heure du thé...on passe le temps comme un peu...on dine, et puis après le diner, une surprise de taille nous attend....le Kibo se dévoile, c’est la première fois qu’on le voit, il fait nuit mais la lune éclaire, les glaciers scintillent, de la neige, la haut, c’est pas ce qui manquera apparemment..Ca fait du bien on se sent réconcilié avec le Kilimandjaro.Voilà qui augure une bonne nuit, je me presse de m’engouffrer dans la tente et de me mettre au chaud et au sec dans mon duvet...avec mes affaires mouillées que je fais sécher avec la chaleur à l’interieur de mon duvet, c’est pas trop agréable, mais il ne fait pas froid, et on s’habitue vite...

RRRzzzzzZZrrrrrr....

On se réveille sans bruits, pas de flic flac sur la tente...je me sens bien, c’est la meilleure nuit que j’ai passé de ce trek, un bon sommeil qui revigore et recharge les batteries, j’ai hâte d’en découdre avec ce fameux Kibo !!!!!

Un petit déjeuner vite avaler, on se prépare et la....le soleil débarque de nulle part...les nuages disparaissent , vision magnifique du Kibo....il parait de plus en plus haut...on a l’impression de découvrir cette montagne, on a jamais vu aussi loin...vision panoramique, ca met tout le monde de bonne humeur, on part en direction du prochain campement. Un sentier vertigineux et assez technique nous attend..on pourrait même dire un mur...le mur de Barranco

Pfffff...revoilà les nuages, le brouillard....et quelques minutes plus tard la pluie fait son grand retour...fini les joies du soleil africain...La montée est rendu difficile par la pluie, tout est glissant, on est en plein dans un mur de rocher, en plus les porteurs débarquent de partout, une vraie procession...Et puis l’altitude se fait aussi sentir, les pas sont plus lent, les efforts plus durs, personnellement je n’ai pas de soucis particuliers, j’ai des jambes de feu, mon entrainement de l’année a fait de moi un bon petit randonneur, mes reins fonctionnent a merveille, je bois énormément et urine énormément...signe de bonne adaptation à l’altitude.

On continue ce mur, dans des conditions de plus en plus dantesque....mais quel temps...pffff

Tout le monde m’a dit en partant, que je suis un veinard d’aller en Afrique, il fait toujours beau et chaud....j’en ai rien vu pour l’instant, je suis complétement trempé pour la énième fois...on arrive enfin a bout de ce mur, on est a présent sur un plateau. J’imagine que le panorama doit être fabuleux de la haut...on est environ à 4200m...et pour la première fois depuis le départ, j’ai des pensées négatives...on en sortira jamais de ce temps exécrable...je suis complétement emmitouflé dans mon Gore-Tex, et rumine pendant de longs moments...

Pluie, brouillard...on se croirait en automne dans les Vosges
Pluie, brouillard...on se croirait en automne dans les Vosges

Mes pensées partent tout droit vers ma famille, mes amis, à des personnes qui me sont chères..des personnes que j’aimerais avoir la , maintenant à mes côtés...j’essaye de me remotiver, mais la c’est vraiment dur...j’en ai plus qu’assez de me faire saucer du matin au soir...j’ai l’habitude d’être sous la pluie avec le boulot que je fait, mais je pensais avoir une trêve de quinze jours...je marche tête basse sur ce sentier le long du Kibo...je repense aussi au soleil du Népal, à tout ces souvenirs de la haut...on a peut être eu trop de soleil lors de ce trek, et maintenant je le paye....je suis aussi frustré de ne pouvoir faire beaucoup de photos...je ne vais pas en avoir beaucoup a ramener a tout le monde...Je continue à marcher la tête dans mon capuchon...Une légère éclaircie nous permet d’admirer la flore locale, étonnant quand on sait qu’on est a plus de 4000m...je peut enfin sortir mon appareil de mon sac, clic clac on se presse d’en prendre un maximum....Une pause plus tard on attaque la dernière difficulté du jour...un dernier mur avant d’atteindre le camp de base de la voie Machame, Barafa Hut, perché a plus de 4600m. Le temps à l’air enfin sec, pas de soleil ,mais sec, ce qui nous fait du bien et nous revigore car c’est dans quelques heures que nous allons passer aux choses sérieuses.

On arrive au camp, en plein dans les rochers...on aperçoit par moment des taches blanches sur les flancs du kibo...ca nous rappelle qu’on est en haute montagne.

Abel me décrit le programme de demain, enfin il faudrait plutôt dire dans quelques heures...

En effet, le réveil sera à 23h ce soir pour être prêt à minuit à commencer la dernière étape, celle de l’ascension finale...woauhh..ca va être sport..!!!!

On dine donc très tôt, et on retrouve nos duvet pour quelques heures...j’arrive même a envoyer un sms à ma sœur...on a parfois du réseau, ca dépend de la météo..si c’est dégagé on en a un peu...sympa de pouvoir donner des nouvelles de la haut...

Je somnole un peu en écoutant de la musique, mais avec une petite boule au ventre...Même si je suis en pleine frme , on a toujours un peu la frousse, quand on ne sait pas ce qui nous attend...les heures passent quand tout à coup on entend notre guide Abel qui nous réveille « c’est l’heure, debout les amis!!!!» On s’habille très chaudement, il fait froid dehors...pas de nuage ce qui signifie que le thermomètre est descendu en flèche...Triple couche de pantalon, quadruple couche de pulls et vestes. Me voilà paré pour le sommet du Kibo...

On se rejoint dans la tente mess pour un thé chaud et quelques gâteaux...Ca y est les frontales sont toutes allumées, et c’est partie, pour une longue, très longue journée de marche...

Le froid est vivifiant, on se sent d’attaque, et on s’en va défier le toit du continent africain. On commence par traverser le camp, partout des frontales, des tentes ou l’on entrevoit les trekkeurs du monde entier se préparer pour l’assaut final. La première partie est délicat, le sentier passe a travers de gros cailloux, et la pente est très importante. L’effort est rude, surtout a froid, et puis je vous rappelle qu’on dépasse les 4700m...autant dire qu’on ne va pas tarder à dépasser le Mont Blanc....

La pente se fait moins rude,et plus régulière, mais la neige est de plus en plus présente. Je suis dans une bonne forme, le rythme lent de notre procession me convient bien, par contre mon ami Jeff a du mal, en plus d’un gros manque de sommeil le MAM se fait ressentir...mais notre Jeff est un costaud , avec un moral d’acier, il arrivera la haut, j’en suis sur !!!

Les guides Abel et Sunday nous motivent avec des chants traditionnels du Kili , ca chante a tue tête, ambiance très africaine...Djammmbo Kilimandjaroooo..!!!! Djamboo Bwanaaaa!!!

Si la pente est régulière , ca monte quand même bien, pour ceux qui randonnent dans les Vosges, ca correspond à la montée du Falimont....mais pendant 7 heures de marche, à plus de 4700m, donc ce n’est pas rien...

Tiens on vient de dépasser les 5000m, même si c’est la huitième fois pour moi, c’est toujours un sentiment très particulier...on pense à beaucoup et peu de choses à ces moments la....je remarque que plus on monte, moins on arrive à réfléchir posément, on pense de moins en moins, à part mettre un pied devant l’autre...

Le froid se fait de plus en plus vif...c’est assez rare pour être souligné mais à ce moment la, j’ai froid, j’ai les pieds complétements gelés, on marche sur de la neige depuis quelques heures, et je n’arrive plus a plier mes chaussures....brrrr..!! courage, bientôt le jour va se lever, d’ailleurs l’obscurité diminue peu a peu, on commence a distingué un trait lumineux à l’horizon...

On marche toujours à une allure lente, mais régulière, on se rapproche du but....on devrai être à Stella Point au lever du soleil, vers le coup des six heures...on devrait arriver....

Les mètres s’enchainent doucement mais on monte....le groupe s’est étiré, les guides sont au petit soins avec chacun d’entre nous, surtout pour ceux qui ont un peu de mal...mais on continue a monter...

Le soleil devrait apparaitre d’ici peu...mes jambes répondent toujours présentes, tiens on a plus besoin de nos frontales, les guides nous les font éteindre, les couleurs arrivent, ca devient magique...on continue, on apercoit Stella Point la haut, c’est le premier plateau a 5700m, pour la première fois de l’ascension j’ai un coup de moins bien...mais paradoxalement pas du tout physique...c’est l’émotion qui me submerge....je pense beaucoup à des personnes avec qui j’aurais aimé partager ces instants si forts...peu de gens me comprennent quand a mes ressentis la haut, je prend ca tellement a coeur, la montagne et moi, c’est un rapport fusionnel, une véritable histoire d’amour..peut être même plus, la haut je ne fais qu’un avec les éléments....Ne me prenez pas pour un fou...c’est tellement personnel et rare, je n’arrive pas vraiment a exprimer ces émotions...mais les plus montagnards des montagnards en ont peut être une idée...

Je m’arrête...j’ai les larmes qui apparaissent...ma respiration s’emballe....toutes ces émotions m’ont coupée les jambes...mais c’est à ce moment précis que je sais que j’arriverais au sommet....ces moments d’intenses émotions sont rarement au sommet, ce fut le cas également lors de mon ascension de l’Antofalla....bizarre...

Je retrouve rapidement mes esprits et continue vers Stella Point, ou quelques un de mes amis sont déjà arrivé, j’y arrive enfin, on se félicite, on se prend dans les bras, on y est presque au sommet...mais maintenant on savoure le spectacle merveilleux que mère nature nous offre...le lever du soleil sur le Kilimandjaro....fabuleux...y a pas de mots, les couleurs, l’atmosphère, les glaciers qui se révèlent...pffff.....quelle beauté hallucinante...on prend des photos, on se congratule, on sourit, tout le monde est heureux!!!!ca valait le coup de se prendre de la flotte depuis 5 jours !!!!!

Il nous reste plus qu’a terminer l’ascension jusqu’a Uruhu Peak, au sommet, à exactement 5895m au dessus du niveau de la mer. Un sentier bien tracé sur la couronne de ce volcan nous y emmène, les jambes sont lourdes, mais avec ce soleil, on est motivé comme jamais...quelques mètres et notre objectif sera atteint.....je savoure, quel spectacle, les glaciers sont d’un blanc parfait, le ciel d’un bleu si intense....clic clac...mon appareil est de sortie....

 

Ca y est......me voila au sommet....le toit de l’Afrique est atteint...!!!! moi le petit gars de ma petite vallée alsacienne....tout la haut.....quelle fierté.....

On est tous arrivé au sommet, un grand coup de chapeau a mon ami Fernand qui du haut de ses 73 ans et demi....!!!! est aussi arrivé la haut...les Pyrénéens sont aussi de solides montagnards....

Allez tous sur la photo......

11 décembre 2010, 7h14
11 décembre 2010, 7h14

Djambo Kilimandjaro...!!!

C’est des moments indescriptibles, ou des émotions si particulières et propre a la montagne nous traversent....c’est pour ces ressentis que je continuerais a monter la haut, sur toutes les montagnes du globle, que ce soit au sommet du Hohneck , un pic himalayen,ou encore un volcan sud américain.....

 

On en prend encore plein les yeux un bon moment, c’est si beau, c’est si magique la haut, sur le toit de l’Afrique....

Et on redescend a présent, il fait de plus en plus chaud.....la neige se transforme en gros sel, c’est pénible pour descendre...les genoux en prennent pour leurs grades....on arrive au camp de bas vers 10h30, on se permet une petite sieste avant de déjeuner et de descendre à 3000m....ce qui veut dire 3000m de dénivelé de descente plus 1100m de montée en une très longue journée de 17h.....on va bien dormir cette nuit....

A peine le temps d’ôter le pull qu’il se met déjà à pleuvoir.....et de plus en plus fort...un vrai déluge..le sentier se transforme en ruisseau...on est trempé, complétement transpercé...pffffff...la y en marre..vivement le safari....la suite est une longue marche pénible sous la flotte...

Quelques soucis de «pourboire» avec notre équipe plombent l’ambiance et nous rappellent que nous sommes en Afrique....enfin le côté négatif de l’Afrique..les touristes sont la pour laisser le plus d’argent possible...interdit de repartir avec de l’argent en rab.....personnellement ca me déçoit et l’image que j’ai de ces pays en prend un coup...quand on a connu le Népal et la gentillesse extrême des porteurs, la différence de mentalité est choquante....ici le touriste est plutôt pris pour une vache a lait...ça me met vraiment mal a l’aise....

Je pense que moi et l’Afrique ce ne sera pas une aussi belle histoire que moi et le Népal, que moi et l’Argentine....

Mais cette ascension restera quand même gravé a jamais dans mon petit cœur de Yéti, ce lever de soleil la haut.....le plus beau de toute ma vie.....

 

Djambo Africa.......